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— Bah ! laissez donc, dit Mme  Gurauflot, je vais lui demander S’il veut être du pique-nique. »

M. Laloine arrêta Mme  Gurauflot avec des yeux courroucés, mais celle-ci ne se tînt pas pour battue, et alla au moins lui demander le chemin le plus court à prendre pour arriver aux Loges.

« C’est assez difficile à vous expliquer, madame, lui répondit-il ; mais une fois dans la forêt je pourrai vous le montrer.

— Ah ! je vous en prie, monsieur le marquis, ne vous dérangez pas, s’écria M. Laloine… Vraiment, madame Gurauflot, vous abusez…

— Pas le moins du monde, répondit Sterny ; c’est l’affaire de vingt minutes, et je n’ai rien qui me presse. »

M. Laloine prît un air de désolation, très-contrarié de l’indiscrétion de Mme  Gurauflot.

« Je lui paye la dette que j’ai contractée avec son mari ; lui dit Sterny, c’est justice. »

On partit : les jeunes filles et les jeunes gens à cheval, les grands parents et Sterny à pied.

On alla d’abord doucement ; les mamans criaient sans cesse, qu’on allait se blesser. Mais peu à peu, et lorsque les indications de Sierny eurent assuré le chemin, on s’éloigna, on s’emporta, allant, revenant, et riant des fichus qui s’envolaient, des chapeaux, qui se détachaient. Sterny causait gravement, suivant Lise des yeux, Lise qui paraissait l’avoir oublié et qui n’était pas la moins folle de cette volée de jeunes filles.

Pauvre Sterny, que de soins pour obtenir une invitation à un mauvais dîner, que de sottises accomplies en un jour ! À quel métier était-il descendu peu à peu ! il avait sanglé l’âne de Mme  Gurauflot, et encore n’était-il pas arrivé à son but. Une fois encore il trouva qu’il devenait dupe. Lise courait joyeuse et indifférente sans s’occuper de lui. Il prit donc le parti définitif de se retirer ; il était furieux contre elle.

À ce moment un cri perçant partit d’une allée détournée.

« C’est Lise,… » dit Mme  Laloine.

Elle n’avait pas achevé de parler que Sterny s’était élancé vers l’allée à travers les bois.

Il arriva près de Lise, qui était très-paisiblement sur son cheval, tandis que M. Tirlot s’époussetait et redressait les bosses de son chapeau ; Lise avait eu peur : voilà tout. Sterny, rassuré sur son compte, ne la regarda même pas et retournant vers Mme  Laloine, il cria de loin :