— Pour une personne comme vous, monsieur, qui me paraissez avoir des connaissances pratiques en toutes choses ; mais moi !
— Il est vrai qu’au besoin je ne me laisserais pas tromper, reprit Gurauflot d’un air superbe.
— Vous êtes bien heureux ; mais quand on est ignorant et qu’on a la maladresse de ne pas se faire accompagner par un homme de l’art, on a tort, quoiqu’à vrai dire, monsieur, je ne me fie guère à la bonne foi des architectes.
— Je le crois bien, monsieur.
— Et que je préférerais prendre les avis d’un connaisseur désintéressé, comme vous, monsieur, par exemple.
— Ah ! monsieur… »
Il est inutile de pousser plus loin ce dialogue : on n’était pas arrivé à Saint-Germain qu’il était convenu que M. Gurauflot accompagnerait Sterny dans la maison. Le sucrier annonça cette importante nouvelle à sa femme et à ses filles, et il fut convenu qu’il rejoindrait la société dans la forêt. Sterny avait espéré qu’on lui demanderait ce qu’il comptait faire en sortant de la maison, et qu’il aurait occasion de répondre qu’il avait toute la journée libre ; mais Mme Laloine lui fit des adieux très-formels et des remercîments empressés ; et il n’y eut pas l’ombre d’invitation.
À ce moment, Sterny fut si désappointé qu’il se prit de colère contre lui-même, et fut sur le point d’abandonner le sot rôle qu’il jouait ; mais il regarda Lise. Lise regardait sa mère comme si elle eût pu lui inspirer, par la puissance de ses yeux, la pensée qui la dominait. Sterny crut la deviner, il se résolut de tenter la fortune jusqu’au bout. Mais rien ne lui devait réussir de ce qu’il avait tenté, et il se sépara de la compagnie, monta à pied les rudes escaliers, gagna ladite maison qui était vendue de la veille, et se sépara de M. Gurauflot, qui crut pouvoir atteindre la société et prit une allée de la forêt qui menait aux Loges. Quant à Sterny, triste, désolé et dépité surtout, il se trouva au milieu de la compagnie riant, se disputant, et se faisant harnacher ânes et chevaux pour courir à travers bois.
« Déjà de retour, monsieur ? lui dit M. Laloine.
— Et mon mari ? monsieur, qu’avez-vous fait de mon mari ? s’écria Mme Gurauflot.
— Mon Dieu, madame, lui dit-il, nous avons trouvé la maison vendue, et alors il a pris le plus court chemin pour aller aux Loges, croyant que vous deviez y être déjà.