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Parvenu à ce point de la route que nous nous sommes tracée, le découragement nous saisit. Nous avons déjà marché bien longtemps, et pourtant que ne nous reste-t-il pas à dire ! Que d’intéressants épisodes, de portraits originaux, de peintures vraies et railleuses sont encore dans les limbes et qu’une main habile aurait pu en tirer ! Nous avions une chasse magnifique à faire sur la terre la plus féconde en gibier, et nous rapportons un moineau franc. Cet aveu ne part pas d’une fausse modestie, et nous le prouvons en nous accusant de n’avoir pas parlé de :

la maitresse dont on a peur,

Celle qui vous écrit :

« Monstre,

« Si vous vous mariez, je me jette à l’eau, je mange du vert-de-gris, ou je me précipite du haut des tours Notre-Dame. On ne se joue pas ainsi d’une âme tendre et crédule.

Anastasie. »

Anastasie a quelquefois quarante ans, et ce qu’il y a de plus affreux, c’est qu’elle serait capable d’exécuter ses menaces. À Paris, les passions n’ont pas d’âge.

Nous n’avons pas parlé non plus de :

la maitresse grande dame,

Qui vous renvoie, sous enveloppe parfumée, toutes vos lettres et vous redemande les siennes avec le sang-froid qu’elle apporte aux actes les plus ordinaires de la vie ; et qui, si elle vous aperçoit, trois mois après, dans le monde, se penche a l’oreille de sa voisine en lui disant : Est-ce que ce n’est pas monsieur un tel ? Aidez-moi donc à dire son nom !

J’ai passé sous silence :


la maitresse qu’on a la faiblesse de chercher à revoir, après l’avoir quittée depuis longtemps, afin de se donner le plaisir de s’entendre dire : comme vous avez grossi ! dieu ! comme vous avez vieilli !


Pauvre femme dont vous avez célébré les yeux qui ont la patte-d’oie, dont vous avez loué le front qui maintenant miroite et tourne, par sa