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qui, sorti depuis un an, se décidait enfin à rentrer ; — mais tout en allant ouvrir, il fit réflexion que, quand on part comme Flammèche était parti, c’est qu’on peut revenir sans s’arrêter ainsi aux cérémonies de la porte ; aussi n’éprouva-t-il aucune déconvenue quand, au lieu devoir son maître, il se vit face à face avec le capitaine, qui était suivi de tout son monde.

« M. Flammèche est-il chez lui ? » demanda le capitaine d’une voix qu’il s’efforçait de rendre agréable.

On sait que Baptiste était fort bref en ses discours.

« Non, répondit-il au capitaine.

— Et depuis quand est-il sorti ? dit le capitaine.

— Depuis un an, dit Baptiste.

— Diable ! reprit le nouvel envoyé de Satan ; et savez-vous quand il rentrera ?

— Je n’en sais rien, répliqua Baptiste.

— De par l’enfer, » s’écria le capitaine oubliant tout à coup que son rôle pouvait être de cacher son jeu…

Baptiste, voyant que le capitaine s’échaudait, lui ferma la porte au nez.

Sur quoi, abjurant toute réserve, le capitaine, après avoir crié et tempêté de façon à ameuter contre lui tous les garçons de l’hôtel, se mit intrépidement à faire le siège de l’appartement de Flammèche, comme s’il eût disposé de tous les diables de l’enfer.

Mais par malheur pour lui la rue Richelieu est une rue où rien ne manque, pas même les agents de police ; — à la réquisition du maître de l’hôtel, l’un d’eux s’en alla chercher la garde ; si bien que l’infortuné capitaine fut, après une résistance héroïque, arrêté et conduit, pieds et poings liés, faut-il le dire ? — au violon d’abord, et puis après, devant M. le commissaire de police du quartier.

Là (historien véridique, nous sommes obligé de ne rien déguiser), là, le pauvre capitaine, sur cette réponse, la seule qu’on pût tirer de lui : « qu’il était venu de l’autre monde en celui-ci pour s’emparer du