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M. de Lauriston et M. de Galifet, une salle de billard, afin qu’ils ne s’enrhument pas.

Dans les régiments mêmes, un soldat qui refuse de se battre, quand il y a eu offense, est envoyé pour un temps plus ou moins long à la salle de police.

Si vous demandez à un jurisconsulte d’où proviennent ces différences fondamentales, il vous répondra évidemment en vous opposant « l’honneur militaire. » J’ai souvent entendu prononcer ce mot et je ne l’ai jamais compris, ayant toujours pensé qu’il n’y avait ici-bas qu’un seul et unique honneur qui s’appliquait indistinctement à tout le monde. En quoi l’honneur militaire diffère-t-il de l’honneur civil ? Le premier est-il châtain clair, tandis que le second est blond cendré ? L’honneur a-t-il, comme le journal la Patrie, une édition du matin et une édition du soir ? Si un Français qui porte des épaulettes peut être mis à la salle de police pour avoir refusé de se battre, comment un Français qui porte un habit noir peut-il être condamné à cent francs d’amende pour avoir accepté le combat ? Il est, je le sais, dans l’armée, certaines traditions auxquelles un sentiment d’honneur tout spécial est attaché, le culte du drapeau, par exemple. Mais il n’est pas nécessaire d’avoir l’uniforme pour suivre un drapeau et même pour être mal vu quand on l’abandonne.

henri rochefort.