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rang dans l’opinion publique : tous, s’ils sont sincères, vous diront qu’ils doivent en grande partie à la société des vieilles femmes parisiennes d’avoir pu faire quelque chose de grand dans leur vie, et particulièrement d’avoir pu éviter d’énormes fautes et d’énormes sottises.

Le secret de leur immense supériorité s’explique : en arrivant à l’âge de vieillesse, elles gardent la délicatesse de la femme, et acquièrent le bon sens de l’homme. Comme ce vin dont parle Homère, elles deviennent miel par la vertu des ans. Vivantes par la raison, elles sont mortes pour les passions. On ne les trompe pas. Comment les tromperait-on ? il n’y a plus rien à courtiser en elles.

Quand on aura cessé d’élever des statues à tous ces imbéciles couronnés, à la lèvre autrichienne et au nez espagnol, on songera peut-être à en dresser une, magnifique type de la raison, de la sagesse moderne, qui représentera une vieille femme parisienne, soutenant d’une main un vieillard, tendant l’autre à un jeune homme prêt à entrer dans la vie.

conclusion.

Une Parisienne est une adorable maîtresse, une épouse presque impossible, une amie parfaite.

fin.

Elle meurt dans sa religion, à laquelle elle n’a jamais pensé.

léon gozlan.