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nous, la plupart de celles qui se bousculent dans ce vacarme n’ont jamais rien eu pour elles que le baptême : ce qu’elles ont eu en plus, Dieu seul le sait ; Dieu qui est partout, même ici par conséquent, doit les suivre quelquefois, et d’un regard miséricordieux, je pense, à l’hôpital qui toujours les attend. Pauvres filles, sont-elles gaies tout de même ! Tenez, obtenez qu’on leur ôte l’hiver, et je réponds de pas mal de choses. Plus d’hiver, c’est dire plus de misère, et partant plus de fautes, plus de vices, plus de maladies, plus de bals masqués même ; les anciennes modes reviennent, on se passe de tout, voire de tailleurs. Quel rêve ! quelle réforme ! En voilà une qui en aurait des partisans, et des amis !

« Mais, me voici dans la politique, et, par le temps qui court, il y fait ennuyeux. Permettez-moi d’en sortir par une polka, grand-père, c’est plus gai, et aussi moral. Bonne nuit, grand’mère. »

Si cette filiation du débardeur donnée par un débardeur sincère n’était pas du goût de tout le monde, on pourrait, je crois, en établir une autre contre laquelle personne ne réclamerait. Le débardeur, en effet, a un second père ; ce père, c’est Gavarni, par qui le carnaval, cette réalité souvent grossière, brutale et licencieuse, est devenu une folie charmante, une comédie pleine de sel et parfois de raison, une illusion gracieuse, une image enfin et un portrait dont tout le défaut est d’être supérieur en tout à son modèle, qui s’efforcerait en vain de l’égaler.

p.-j. stahl.