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CONSEILS À UNE PARISIENNE

Oui, si j’étais femme, aimable et jolie,
Je voudrais, Julie,
Faire comme vous ;
Sans peur ni pitié, sans choix ni mystère,
À toute la terre
Faire les yeux doux.

Je voudrais n’avoir de soucis au monde
Que ma taille ronde,
Mes chiffons chéris ;
Et, de pied en cap, être la poupée
La mieux équipée
De Rome à Paris.

Je voudrais garder, pour toute science,
Cette insouciance
Qui vous va si bien
Joindre, comme vous, à l’étourderie
Cette rêverie
Qui ne pense à rien.

Je voudrais pour moi qu’il fût toujours fête,
Et tourner la tête
Aux plus orgueilleux ;
Être en même temps de glace et de flamme,
La haine dans l’âme,
L’amour dans les yeux.

Je détesterais avant toute chose,
Ces vieux teints de rose
Qui font peur à voir.
Je rayonnerais, sous ma tresse brune
Comme un clair de lune
En capuchon noir.