Page:Gavarni - Grandville - Le Diable à Paris, tome 2.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tombe sur un autre. Caroline ne prend plus ses airs de victime, et dit du bien de moi à l’univers entier. Enfin ! elle est heureuse de mes plaisirs. Et, comme c’est une très-honnête femme, elle est de la plus grande délicatesse dans l’emploi de notre fortune. Ma maison est bien tenue. Ma femme me laisse la disposition de ma réserve sans aucun contrôle. Et voilà. Nous avons mis de l’huile dans les rouages ; vous, vous y mettez des cailloux, mon cher Fischtaminel, et vous avez tort : le costume d’Othello est très-mal porté, ce n’est plus qu’un Turc de carnaval.

chœur, dans un salon, au milieu d’un bal. — Mme  Caroline est une femme charmante !

une femme a turban. — Oui, pleine de convenance, de dignité.

une femme qui a sept enfants. — Ah ! elle a su prendre son mari.

un ami de ferdinand. — Mais elle aime beaucoup son mari. Adolphe est, d’ailleurs, un homme très-distingué, plein d’expérience.

une amie de mme de fischtaminel. — Il adore sa femme. Chez eux, point de gêne, tout le monde s’y amuse.

m. foullepointe. — Oui, c’est une maison fort agréable.

une femme dont on dit beaucoup de mal. — Caroline est bonne, obligeante, elle ne dit du mal de personne.

une danseuse, qui revient à sa place. — Vous souvenez-vous comme elle était ennuyeuse dans le temps où elle connaissait les Deschars ?

mme fischtaminel. — Oh ! elle et son mari, deux fagots d’épines… des querelles continuelles. (Mme  Fischtaminel s’en va.)

un artiste. — Mais le sieur Deschars se dissipe, il va dans les coulisses ; il paraît que Mme Deschars a fini par lui vendre la vertu trop cher.

une bourgeoise, effrayée, pour sa fille, de la tournure que prend la conversation.Mme  de Fischtaminel est charmante ce soir.

une femme de quarante ans sans emploi. — M. Adolphe a l’air aussi heureux que sa femme.

la jeune personne. — Quel joli jeune homme que M. Ferdinand ! (Sa mère lui donne vivement un petit coup de pied.) Que me veux-tu, maman ?

la mère, elle regarde fixement sa fille. — On ne dit cela, ma chère, que de son prétendu ; M. Ferdinand n’est pas à marier.

une dame très-décolletée, à une autre non moins décolletée. (Solto voce.) — Ma chère, tenez, la morale de tout cela, c’est qu’il n’y a d’heureux que les ménages à quatre.