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— Monsieur ne lui a rien dit ; elle n’a que deux entrées, le bœuf, un poulet, une salade et des légumes.

— Caroline, vous n’avez donc rien commandé ?…

— Savais-je que vous aviez du monde, et puis-je d’ailleurs prendre sur moi de commander ici ?… Vous m’avez délivrée de tout souci à cet égard, et j’en remercie Dieu tous les jours. »

Mme  Fischtaminel vient rendre une visite à Mme  Caroline, elle la trouve toussotant et travaillant le dos courbé sur un métier à tapisserie.

« Vous brodez ces pantoufles-là pour votre cher Adolphe ? »

Adolphe est posé devant la cheminée en homme qui fait la roue.

« Non, madame, c’est pour un marchand qui me les paye, et, comme les forçais du bagne, mon travail me permet de me donner des petites douceurs. »

Adolphe rougit, il ne peut pas battre sa femme, et Mme  Fischtaminel le regarde en ayant l’air de lui dire : — Qu’est-ce que cela signifie ?

« Vous toussez beaucoup, ma chère petite…

— Oh ! répond Caroline, que me fait la vie !… »


Caroline est là sur sa causeuse avec une femme de vos amies à la bonne opinion de laquelle vous tenez excessivement. Du fond de l’embrasure où vous causez entre hommes, vous entendez, au seul mouvement des lèvres, ces mots : Monsieur l’a voulu !… » dits d’un air de jeune Romaine allant au cirque. Profondément humilié dans toutes vos vanités, vous voulez être à cette conversation tout en écoutant vos hôtes ; vous faites alors des répliques qui vous valent des : — À quoi pensez-vous ? — car vous perdez le fil de la conversation, et vous piétinez sur place en pensant : — Que lui dit-elle de moi ?…


Adolphe est à table chez les Deschars, un diner de douze personnes, et Caroline est placée à côté d’un joli jeune homme, appelé Ferdinand,