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une dragée, la leur tenir haute, et… que le goût des dragées ne leur passe point. Les Parisiennes (Caroline est de Paris) sont excessivement vaines, elles sont gourmandes !… On ne gouverne les hommes, on ne se fait des amis, qu’en les prenant tous par leurs vices, en flattant leurs passions : ma femme est à moi !

Quelques jours après, pendant lesquels Adolphe a redoublé d’attentions pour sa femme, il lui tient ce langage :

« Tiens, Caroline, amusons-nous. Il faut bien que tu mettes ta nouvelle robe (la pareille à celle de Mme Deschars), et… ma foi, nous irons voir quelque bêtise aux Variétés. »

Ces sortes de propositions rendent toujours les femmes légitimes de la plus belle humeur. Et d’aller ! Adolphe a commandé pour deux chez Borel, au Rocher de Cancale, un joli petit dîner fin.

« Puisque nous allons aux Variétés, dînons au cabaret ! s’écrie Adolphe sur les boulevards en ayant l’air de se livrer à une improvisation généreuse. »

Caroline, heureuse de cette apparence de bonne fortune, s’engage alors dans un petit salon où elle trouve la nappe mise et le petit service coquet offert par Borel aux gens assez riches pour payer le local destiné aux grands de la terre qui se font petits pour un moment.

Les femmes, dans un dîner prié, mangent peu, leur secret harnais les gêne, elles ont le corset de parade, elles sont en présence de femmes