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V

Après le dépôt du calcaire jurassique, une nouvelle révolution vint encore changer la disposition des mers et des terres, sans faire sortir des eaux le terrain de Paris ; c’est celle qui a déposé les immenses couches de craie qu’on trouve aujourd’hui sous notre sol et que le puits de Grenelle a eu tant de peine à traverser : craie verte, craie tuffeau, craie marneuse, craie blanche ; l’épaisseur de ces assises diverses qui peut aller jusqu’à six cents mètres atteste la longueur des périodes de tranquillité pendant lesquelles la mer de Paris, si profonde dans l’origine, se comblait successivement pour devenir habitable. Les îles d’Allemagne, d’Auvergne et d’Angleterre se trouvaient alors réunies dans un vaste continent qui s’échancrait vers Paris, par un grand golfe, dont Londres, Bruxelles Amsterdam, occupaient les extrémités septentrionales, et dont le bord méridional se trouvait à Poitiers. Ainsi l’entente cordiale existait encore elle a duré des milliers d’années, exemple bien fait pour encourager nos hommes d’État qui ont la prétention d’égaler ce phénomène géologique.

Les habitants de cette mer et de ses nombreuses îles étaient à peu près les mêmes que ceux de l’époque précédente ; mais à eux venaient s’ajouter les lamantins de notre zone torride, les morses de nos mers glaciales, des phoques, des dauphins, des squales, ayant vingt à trente mètres de longueur avec une gueule de cinq mètres d’ouverture, lesquels faisaient une effroyable consommation des poissons-lézards. Quant à la végétation, elle se composait, outre les énormes fougères des époques antérieures, d’ifs, de pins, de palmiers elle avait encore de grandes dimensions et formait des forêts étranges, sombres, désertes, qui ne retentissaient ni du rugissement des quadrupèdes, ni du chant des oiseaux, moins encore de la voix de l’homme ; qui ne devaient jamais ombrager ses rêveries et ses amours.

VI

Une nouvelle révolution qui bouleversa la plus grande partie du globe fit sortir des eaux de vastes continents. Le bassin de Paris fut