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la houille, les métaux, le bois, ses grands hommes, toutes les matières premières. Paris ne donne en échange de tout cela à la province, qu’une chose : « l’éclairage ; » et c’est assez pour que des deux parts on soit quitte.

* La province rejette sur Paris quelqu’un dont elle ne savait que faire, un homme singulier, embarrassant, qui ne pouvait être ni notaire, ni avoué, ni marchand. Paris lui apprend que « ce bon à rien » était un homme de génie et le lui rend célèbre. Voilà comment la province fournit ses grands hommes à Paris.

* L’Europe même ne croit à ses gloires que quand Paris les a signées et paraphées. — P.-J. Stahl.

* La province se console de n’être pas Paris en se laissant dire qu’elle lui fournit tous ses grands hommes. On la trompe. À l’heure qu’il est, on peut compter sur les registres de l’État civil de Paris trois cent vingt huit hommes célèbres à divers degrés, contrôlés par Vapereau, en attendant le jugement probablement plus sévère de la postérité : 67 peintres, 50 hommes de lettres, 36 auteurs dramatiques, 32 savants, 28 hommes politiques, 12 officiers généraux, 3 voyageurs, 4 avocats, 5 architectes, 12 musiciens, 15 sculpteurs, 6 journalistes, 4 graveurs, 12 industriels, 1 empereur, 1 cardinal, 1 pasteur, 31 artistes dramatiques, et 8 médecins. N’est-ce pas une réponse victorieuse à cet administrateur de Paris né à Paris, qui prétend qu’il n’y a pas de Parisiens ?

Jules Verne.

* Dans l’état actuel des choses, prêcher des croisades contre Paris, c’est tout simplement conspirer contre la vie nationale, je parle de la vie de l’intelligence, puisqu’elle s’est concentrée là et qu’on l’attaque dans sa place de refuge. — Jean Macé.

* Londres me semble inférieur à Paris sous plusieurs rapports. La grandeur même, quand elle est comme illimitée, nuit à la beauté. — Lacordaire.

* Paris est la seule ville du monde où la royauté appartienne à l’esprit. L’esprit y court les rues. Les titis en ont plein leurs poches. Les femmes de la halle l’emploient pour enguirlander leurs discours en guise de persil, et ne le font pas payer. — Toussenel.

* Là où l’esprit est roi la femme est reine, et seule distribue les couronnes. Toutes les femmes voudraient venir à Paris, si elles étaient maîtresses de leurs destinées. — Toussenel.