Page:Gavarni - Grandville - Le Diable à Paris, tome 1.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.

* Hors de Paris, penseurs et poëtes mènent une misérable vie d’isolement… Imaginez-vous, au contraire, une ville comme Paris, où les hommes les plus remarquables d’une grande nation, réunis sur un seul point, sont en rapport journalier, où les luttes et l’émulation amènent la réciprocité des lumières et des progrès ; une ville où ce qu’il y a de plus parfait dans tous les règnes de la nature, dans les arts de l’univers entier, est chaque jour offert en spectacle au public ; représentez-vous cette métropole du monde, où chaque pas que l’on fait sur un pont, sur une place publique, rappelle quelque grand événement du passé ; où chaque coin de rue a servi de théâtre à quelque épisode historique. Et, pour compléter cet ensemble, faites surgir devant vos yeux non pas le Paris d’une époque de ténébreux obscurantisme, mais bien le Paris du xixe siècle, dans lequel, depuis trois générations d’hommes, et grâce à des hommes de génie, une telle abondance d’idées a été mise en circulation que, sur la surface du globe, on n’en saurait trouver autant sur un seul point, et vous comprendrez ce qu’il y a là d’esprit infus, de force d’impulsion pour aider le talent à se déployer et à prendre son essor. — Goethe.

Ris et chante, chante et ris ;
Prends tes gants et cours le monde ;
Mais la bourse vide ou ronde,
Reviens dans ton Paris.

Béranger.

* Notre beau pays a un immense avantage : il est un. Trente-quatre millions d’hommes, sur un sol d’une moyenne étendue, y vivent d’une même vie, y sentent, y pensent, y disent la même chose presque au même instant. Il n’a cet avantage qu’à la condition d’un centre unique d’où part l’impulsion commune et qui meut tout l’ensemble. C’est Paris, qui parle par la presse, qui commande par le télégraphe ; frappez ce centre, et la France est comme un homme frappé à la tête. (1840.) —

A. Thiers.

* Paris est une république. L’homme qui a de quoi vivre et qui ne demande rien n’y rencontre jamais le gouvernement. — Stendhal. (1833.)

* À Paris il y a moins d’envie que dans les provinces ; quelque bonne disposition que l’on ait, on ne peut pas haïr un inconnu. —

Stendhal.