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PARIS

Il est, il est sur terre une infernale cuve :
On la nomme Paris ; c’est une large étuve,
Une fosse de pierre aux immenses contours,
Qu’une eau jaune et terreuse enferme à triples tours ;
C’est un volcan fumeux et toujours en haleine,
Qui remue à longs flots de la matière humaine,
Un précipice ouvert à la corruption,
Où la fange descend de toute nation,
Et qui de temps en temps, plein d’une vase immonde,
Soulevant ses bouillons, déborde sur le monde.

Là, dans ce trou boueux, le timide soleil
Vient poser rarement un pied blanc et vermeil ;
Là, les bourdonnements nuit et jour dans la brume
Montent sur la cité comme une vaste écume ;
Là, personne ne dort ; là, toujours le cerveau
Travaille, et comme l’arc tend son rude cordeau.
On y vit un sur trois, on y meurt de débauche ;
Jamais le front huilé, la mort ne vous y fauche,