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Et personne assurément, si ce n’est peut-être Satan lui-même, n’aurait pu reconnaître sous sa nouvelle forme de dandy parisien le Diablotin dont nous avons dit quelques mots dans le courant de ce récit.

Mais, ainsi que tous les esprits infernaux qui avant lui étaient venus visiter notre globe, Flammèche, en s’affublant de nos airs et de nos habits, n’avait pu se dispenser de prendre en même temps sa part de nos faiblesses. — Ce qui le prouve, c’est qu’à la première occasion il était devenu — amoureux !

Il s’ensuivit que le jour où il lui fallut mettre la main à la plume pour envoyer son premier bulletin à Satan, après avoir en vain remué ses notes et ses souvenirs, il ne put rien tirer de son encrier, après ses premiers croquis, qu’un billet doux qui sentait trop bon et n’était point à l’adresse de l’enfer.

Le propre de l’amour étant d’être exclusif de tout ce qui n’est pas lui-même, — dans ce Paris si divers et si multiple, l’enfer, dans la personne de son représentant, avait fini par ne distinguer qu’une femme, la célèbre Mlle  Brinda.

Une seconde tentative pour reprendre son œuvre commencée n’ayant eu pour résultat qu’un second billet doux, toujours à l’adresse de Mlle  Brinda : « Pardieu ! se dit Flammèche, ne puis-je donc à la fois satisfaire et mon maître et ma maîtresse ? Ce que j’aurais à dire à Satan, un autre ne peut-il le dire à ma place ? Ce qui manque à Paris, sont-ce les gens qui écrivent, qui racontent, qui dessinent, qui critiquent, enfin ? Ne puis-je demander à chacun de ces crayons, de ces plumes, de ces