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— Très-bien ! dit Flammèche.

— Suivant Swedenborg… Mais, suivant celui-ci, je n’y ai rien compris, bien qu’il m’ait extrêmement intéressé…

— Par mes cornes ! dit Satan, dont l’impatience allait croissant, assez de philosophie, je vous prie, nous ne sommes point ici à l’école ; vos systèmes anciens et vos systèmes nouveaux m’ont tout l’air de se valoir.

— C’est pourtant de toutes ces erreurs que se compose la vérité, dit le philosophe ; mais j’obéirai à Votre Majesté. »

Puis reprenant son discours :

« Suivant les amants, on est éternellement assis à l’entrée d’une clairière traversée par un pâle rayon de la lune, sous un arbre où chante un rossignol qu’on ne voit pas, non loin d’un clair ruisseau, et on attend sa maîtresse, — qui ne manque jamais de venir.

« Suivant les mélancoliques, on lit perpétuellement des inscriptions sur les tombeaux.

« Suivant les bourgeois, on rentre dans le sein de la nature. Qu’est-ce que le sein de la nature ?

« Suivant un grand nombre, on redevient ce qu’on était avant de naître, c’est-à-dire une charade, une énigme.

« Suivant d’autres enfin, ceux qui vont quelquefois à l’Opéra, l’enfer est un lieu plein d’escaliers, du haut desquels montent et descendent sans cesse des légions de diables et de pécheresses très-gaies et fort agiles.

« Suivant…

— Suivant ! suivant ! dit Satan exaspéré ; tout ce que vous savez