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« Je ne vous parlerai ni de Démocrite, ni d’Héraclite, ni de Thalès, ni de Pythagore, ni d’Aristote, ni de Platon, suivant lesquels l’homme redevient après sa mort un atome rond ou crochu, de l’eau ou du feu, une monade ou une entéléchie, ou bien encore une idée, — ni des sophistes, suivant lesquels on ne sait pas si l’on existe, ni de ceux-ci qui affirment que nous ne sommes ni finis ni infinis, ni de ceux-là qui prétendent qu’on est sphérique ; — mais je vous parlerai de systèmes plus nouveaux. — Un système nouveau a toujours un avantage sur un système ancien, c’est que, sans être bon lui-même, il peut prouver que celui qu’il remplace ne vaut rien, en attendant que même sort lui arrive.

« Suivant les éclectiques modernes, on n’existe que pour les autres, l’âme n’ayant pas connaissance d’elle-même, et il faut avouer que ce n’est pas la peine d’avoir découvert l’œil intérieur pour conclure si obscurément.

« Suivant les panthéistes…

— Passons, dit Satan.

— Suivant les idéalistes, reprit le philosophe…

— Passons, passons, dit encore Satan.

— Suivant Kant…

— Passons, vous dis-je ! s’écria Satan.

— Suivant Maupertuis, reprit le savant un peu troublé, pour être immortel, il faut être hermétiquement enduit de poix-résine.