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LES DRAMES INVISIBLES

par frédéric soulié

.......Be this or aught
Thau this more secret now design’d, I haste
To know.

« Que cela soit ainsi, ou qu’il y ait un secret plus caché
j’irai et je le connaîtrai. »

Milton, Paradis perdu.
(Paroles du Satan au Péché et à la Mort.)

Au sixième étage d’une magnifique maison de la Chaussée-d’Antin logeait, il y a quelques années, un jeune homme du nom de Marc-Antoine Riponneau. C’était un gros garçon de vingt-cinq ans, d’une figure ronde et purpurine, aux yeux bleus et à fleur de tête, au nez légèrement retroussé et largement ouvert, aux lèvres cerise et avancées ; un vrai visage de bonheur et de contentement, si un front bas et des cheveux tellement fournis, qu’ils n’étaient supportables que taillés en brosse, n’eussent prêté à sa physionomie un air sordide et envieux, et dénoté plus d’obstination que d’intelligence. Marc-Antoine était commis au ministère des finances et gagnait 1 800 francs par an. Il s’en contentait, mais il n’en était pas content. Employé au budget de l’Etat, il en avait appris toutes les illusions et s’en était garé pour sa vie privée. Aussi, point de dette inscrite emportant intérêts payables de six mois en six mois ; point de dette flottante, qu’on ne doit jamais, parce qu’on