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besoin d’argent. » Mais le calme de cet honnête serviteur ne se démentit point dans cette circonstance, et, quoiqu’il ne servît Flammèche que depuis quelques jours, il ne songea même pas à vérifier cette dernière parole de son maître.

Après avoir lu sa lettre avec une grande attention, il la replia silencieusement, et tout fut dit.

Mais si Baptiste avait peu de conversation, c’était en revanche un garçon ponctuel et régulier ; aussi ne manqua-t-il pas une seule fois d’exécuter dans tous ses points la manœuvre prescrite, et de tirer, — sans choisir — et au jour dit, du tiroir mystérieux, un manuscrit quelconque.

Grâce à ce tiroir, toujours bien rempli, grâce au zèle de Baptiste, la curiosité de Satan ne chôma pas un seul instant. Ce grand monarque se prit bientôt d’une si grande passion pour ces messages qui lui venaient de la terre, que le jour de leur arrivée était pour lui un jour de fête.

Ces jours-là, il rassemblait sa cour. Les vignettes passaient d’abord de main en main, après quoi un diable — le moins enroué sans doute — faisait à haute voix la lecture de ce qui venait d’arriver.

Quant à Flammèche, que faisait-il ? qu’était-il devenu ? Si quelqu’un le sait, ce n’est pas nous ; mais nous le saurons plus tard peut-être, et, quand nous le saurons, — notre devoir sera de le dire.

p.-j. stahl.