Page:Gavarni - Grandville - Le Diable à Paris, tome 1.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.

a-t-il passé ? » Mais Baptiste, qui était Allemand et même Prussien, ne se dit rien du tout et se borna à l’attendre.

Personne, on le voit, n’était moins bavard que Baptiste, puisque, contre l’ordinaire des gens qui parlent peu, il ne causait même pas quand il était tout seul.


Vers dix heures du matin, un domestique monta une lettre à Baptiste. Cette lettre était de Flammèche.

Lettre de Flammèche à Baptiste.

« Mon bon garçon, lui disait Flammèche, je reviendrai quand je pourrai.

« En attendant mon retour, qui peut être prompt et qui peut ne pas l’être, et tant que durera mon absence, tu seras mon chargé d’affaires, — c’est-à-dire que tu auras soin d’ouvrir une fois par semaine, tous les lundis, mon secrétaire ; que tu prendras, les yeux fermés, dans le tiroir du milieu, un des manuscrits qui s’y trouveront, et qu’après en avoir fait un paquet proprement cacheté, tu auras à l’envoyer (par la poste) au Diable, mon maître, en y joignant les lettres à son adresse qu’il m’arrivera peut-être de te faire passer pour lui.

« Te voici par conséquent, mon cher Baptiste, ambassadeur par intérim ; c’est la moindre des choses, comme tu vois ; ne t’effraye donc pas, mais sois exact, tu as affaire à un maître qui ne sait pas attendre.

« N. B. — Parmi les manuscrits qui s’offriront à ta vue, ne va pas t’aviser de choisir ; prends au hasard ! — Il n’y a d’impartial — que le hasard !

« Flammèche. »

« Post-scriptum. — Quand tu auras besoin d’argent, tu en trouveras dans ta poche. »

Beaucoup de gens à la place de Baptiste, et je n’entends pas parler seulement des valets de chambre, auraient dit sans plus tarder : « J’ai