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FLAMMÈCHE ET BAPTISTE

conversation et consultation
PAR P.-J. STAHL
I


lammèche était un diable de bonne foi, et qui ne tenait pas d’ailleurs à s’en faire accroire à lui-même ; — il avait donc bientôt reconnu que sa mission n’était point aussi facile à remplir qu’il se l’était imaginé. Le peu qu’il avait vu et entendu l’avait tout d’abord convaincu que, pour avoir été le secrétaire intime de Satan, et le diable le mieux instruit des secrets de l’autre monde, il n’en était pas moins dans le nôtre fort neuf en toutes choses.

Aussi, après avoir considéré dans le premier moment Paris avec la curiosité banale d’un entomologiste examinant sous le verre de sa loupe une fourmilière quelconque, s’était-il bientôt senti intéressé par la singularité du spectacle qu’il avait sous les yeux. Dans ces mouvements, en apparence si désordonnés, il avait fini par distinguer une certaine symétrie ; et dans ces bruits, d’abord si confus, des voix et des discours qui ne manquaient pas absolument de sens et d’harmonie. La scène n’avait pas grandi, mais les acteurs, mais la pièce, avaient pris des proportions raisonnables. Un mathématicien lui avait prouvé, par A B, que l’infini étant partout et dans tout, dans l’unité comme dans le nombre, un est aussi parfait que cent mille, et que la terre, par conséquent, est, sinon aussi grosse, au moins aussi digne de l’attention de l’observateur que toute autre partie plus considérable de l’univers, — ce qui revient à dire, avec raison peut-être, qu’un ciron vaut un éléphant ; — et Flammèche avait trouvé sans réplique cette théorie de l’infini. Un