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Paris. Mais, si monsieur veut m’en croire, nous commencerons tout de même par l’histoire de Mademoiselle Mimi Pinson, de M. Alfred de Musset : cela me fait l’effet d’être une histoire d’amour — des étudiants et des grisettes, — et cela n’est pas en vers, quoique M. de Musset en ait fait qui doivent être bien bons, puisqu’ils ne me déplaisent pas. Oh, monsieur, lisons Mademoiselle Mimi Pinson !

— Va pour Mademoiselle Mimi Pinson, dit Flammèche ; je vois, Baptiste, que vous avez des idées en littérature, et que vous prendriez goût au métier de rédacteur en chef.

— Oh, monsieur, » dit Baptiste en rougissant…


MADEMOISELLE MIMI PINSON

profil de grisette
par alfred de musset
I

Parmi les étudiants qui suivaient, l’an passé, les cours de l’École de médecine, se trouvait un jeune homme nommé Eugène Aubert. C’était un garçon de bonne famille, qui avait à peu près dix-neuf ans. Ses parents vivaient en province, et lui faisaient une pension modeste, mais qui lui suffisait. Il menait une vie tranquille, et passait pour avoir un caractère fort doux. Ses camarades l’aimaient ; en toute occasion on le trouvait bon et serviable, la main généreuse et le cœur ouvert. Le seul défaut qu’on lui reprochait était un singulier penchant à la rêverie et à la solitude, et une réserve si excessive dans son langage et ses moindres actions, qu’on l’avait surnommé la Petite Fille, surnom, du reste, dont il riait lui-même, et auquel ses amis n’attachaient aucune idée qui pût l’offenser, le sachant aussi brave qu’un autre au besoin, mais il était vrai que sa conduite justifiait un peu ce sobriquet, surtout