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XI

LA VIEILLE MAGICIENNE.


Les nouvelles de George se faisaient de plus en plus rares. Tout à coup elles cessèrent subitement.

C’était le moment où George tombait entre les mains des Français et qu’il passait par toutes les tracasseries de l’identification.

Peut-on s’imaginer les souffrances morales de cette pauvre Alexandrine ; combien de larmes muettes viennent mouiller ses joues que décolorait une souffrance cachée, mais non moins poignante. La pauvre enfant n’avait que la prière ardente et les baisers de sa bonne mère pour consolation ; pourtant ses rares amies faisaient bien tout leur possible pour lui relever le moral en lui donnant l’espérance.

Pour surcroît de douleur, Mélas ! Elle se voyait continuellement en butte aux empressements et aux assiduités de Mélas. Déjà il avait fait comprendre à la jeune fille qu’il voulait à tout prix unir sa vie à la sienne, que l’amour qu’il avait pour elle était trop enraciné dans son cœur ombrageux pour espérer le voir s’enfuir ainsi devant une réalité trop marquée.

Alexandrine atterrée par ces brûlants aveux, ne savait que répondre ; pourtant un bon jour, consultant son cœur et croyant faire injure à l’image de l’absent, en écoutant plus longuement les protesta-