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bets des jeunes filles. Alexina fait tous les frais de la conversation. Il n’a pour réponse qu’un son vague qui parfois dit oui et d’autres fois non.

— Allons, mon bon M. Mélas, dit Alexina, je crois que vous avez visité les Papinachois ou les Maléchites, car vous êtes d’une mélancolie qui tire sur le désespoir. Pourtant tout le monde est joyeux comme tout ce qui nous entoure : le ciel, la mer et l’herbe, même, les arbres. Voyons ! un peu de joie…

— Oh ! voyez vous, dit Mélas, j’ai un caractère sauvage qui me porte à cette espèce de mélancolie que la puissance d’une jolie belle comme vous ne saurait dissiper. Laissez faire, c’est un nuage qui passera. Vous verrez tout à l’heure…

— Oui, quand vous aurez Alexandrine à vos côtés je suppose ; alors vous sourirez comme le soleil nous sourit à cette heure matinale ?

Ce fut le coup de grâce, Alexina avait touché la bonne note. Mélas se prit à rire.

J’ai touché la corde sensible, je crois, reprit Alexina. Ah ! ah ! ah ! Il faut vous parler d’Alexandrine pour vous faire sortir de votre torpeur, c’est bon à savoir. Elle se mit alors à vanter les qualités de cœur et d’esprit de cette jeune fille si aimable et si aimée. Lui, il l’écoute, et elle lui parlait toujours d’Alexandrine qui était à cent lieues de croire qu’on s’occupait ainsi d’elle.