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nissements, rires, appels et éclats de voix fortes et sonores. C’est un vacarme assourdissant qui nous tombe sur les nerfs et chatouille plus ou moins harmonieusement le tympan de l’oreille. Enfin les chevaux sont attachés, frottés et vantés juste au moment du deuxième coup. Il reste encore une demi-heure avant la messe. Voyez-les se rassembler, se réunir par groupes qui se meuvent comme une marée montante. On y parle de tout, à tort et à travers ; les chevaux y ont une large place ; tandis que les commères jasent de petits scandales de la semaine, qu’ils ont déjà augmenté d’une verge et plus. Il faut ça pour passer le temps. Pauvres femmes à la langue mauvaise, je vous aime mieux seules qu’accouplées avec un être qui ne vous le cède en rien. Autrefois on avait les commères en jupons, aujourd’hui nous en avons en jupons et en culottes : des hommes. Ce n’est pas leur nom. La langue leurs a été donnée pour un plus noble rôle. Ils n’ont pas l’air à le savoir quand ils ébruitent tous ces petits événements qui prennent les proportions d’un scandale dans leur esprit étroit.

Comme on se sépare avec peine, quand le dernier coup nous rappelle que le Saint Sacrifice de la Messe va commencer ; il faut que le porteur de la bande rouge et du bâton bleu vienne leur crier de rentrer à l’église avant qu’ils se désorganisent, tant est grande l’attraction de la communauté.

Ce jour là les choses se passèrent comme de coutume, à la porte de l’église ; s’il y eut une différence, c’est que le constable fut obligé de crier un peu plus fort : « Entrez mes amis, entrez ! » Le