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On apprit alors de la bouche de la jeune fille que le fils du Chef, en arrivant sur l’île, lui avait passé une corde autour du cou, et que malgré ses cris et ses prières il l’avait pendue, et qu’ensuite il avait voulu partager son sort en mourant de la même mort qu’elle. Heureusement on n’avait à déplorer qu’une victime, mais l’autre ne valait guère mieux.

Le corps du sauvage fut enterré sur la grève.

Voilà tout, mesdames, et veuillez m’excuser.

Déjà neuf heures ! Allons ! Mme Vincent, déguerpissons, tout en vous remerciant, père, s’écrie Mme Dubois.

On s’embrasse bel et bien, et les visiteuses s’en vont comme elles étaient venues, enchantées de la cordiale réception des Dames Boldieu et de l’histoire du père Harnigon.

C’est ainsi qu’on veillait autrefois. C’était le bon temps alors.

Hélas ! qu’est devenu ce temps, cet heureux temps où nos pères heureux, au coin de l’âtre, dans un nuage de fumée, ressuscitaient le passé ? C’était des héros, nos pères, et ils étaient écoutés aussi !


III

UN JOUR QUI COMPTE.


Savez vous ce que c’était qu’une sortie du Séminaire ? Ce devait être au temps passé comme de nos jours ; un brouhaha indescriptible ; un va et vient d’enfer : cris, pleurs, sauts de joie, trépignements, baisers sonores des parents venus pour chercher leurs enfants, serrement de mains entre des amis qui ne se reverront peut être jamais : ils se convient aux grandes assises du Jugement dernier.