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Passons au troisième appartement. C’est le lieu des tristes souvenirs. C’est ici que le Brochu et la Chouette s’arrêtèrent un instant pour s’y consulter. C’est un large appartement qui donne sur la mer. Là, au fond, c’est une porte qui donne sur la chambre à coucher de George et d’Alexandrine : c’est là qu’Armande fut enlevée, là que la mère devint folle et là encore qu’elle recouvrit la raison longtemps perdue. À cette heure de rares invités y sont assis. Dans un coin, sur un sofa en chêne massif, se trouvent les nouveaux mariés. Qu’elle est belle ainsi parée de ses habits de noces ; son costume est simple, il n’en a que plus de charme ; sa chevelure entremêlée de roses a des reflets sous les rayons des lampes. Sa figure radieuse a gardé un peu de cette empreinte grave et réfléchie qui règne sur le visage de l’enfant des bois.

Pauvres oiseaux battus par la tempête, ils ont réussi à trouver terre, et là, à l’abri des orages et des vents, ils vont y bâtir leur nid soyeux pour toute une vie qui est toujours longue sans amour. Ils ont fui le tumulte et la joie bruyante pour goûter un peu de leur ivresse. Oh ! qui dira l’énivrement de cette heure si douce où deux êtres animés des mêmes sentiments, se retrouvent pour ainsi dire dans les bras l’un de l’autre, et cela pour toute une vie. Qui dira les chastes élans du cœur, ces suaves accents d’une tendresse passionnée et sincère, ces mélodieuses paroles d’un amour fort comme le roc éternellement battu des flots, ces deux serments de fidélité conjugale, ces riantes promesses de s’aimer toujours, de se dévouer l’un pour l’autre, d’aimer le foyer et d’y vivre l’un auprès de l’autre, comme le doivent faire ceux qui se marient par amour. Enfin, disait