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et fut accueilli avec joie et vénération : tout le monde s’était levé d’ensemble, et Armande, toute réjouie, s’était envolée à sa rencontre.

— Bonsoir Père, lui dit-elle.

— Bonsoir, Fleur-du-mystère.

— Oh ! ne me rappelez plus ce nom qui dit trop mes souffrances. Pourtant je l’aime ce nom, car je m’appelais Fleur-du-mystère quand Laurent me connut, m’aima et me le dit.

— Laurent, mais il est ici ?

— Non, dirent les assistants.

Je comprends. D’ailleurs vous allez comprendre comme moi. Mes chers amis, vous venez de voir l’action de la Providence dans tout ce qui vient de se passer. George et Alexandrine, vous avez remercié le Seigneur de vous avoir rendu votre enfant et George surtout, votre chère moitié ; il est juste que vous ne soyez pas trop égoïstes. Vous avez reçu, fêté et acclamé le vaillant jeune homme que vous connaissez tous, Laurent Goulard, lui la cause première de cette joie, de ce ravissement que vous goûtez ensemble depuis quelque temps. Tout cela est bien, mais ce n’est pas tout. Ce jeune homme a quitté une place importante ; on dirait qu’il écouta la voix de Dieu : l’amour seul de sauver votre enfant le porta à tout abandonner. C’est un acte héroïque dont on ne saurait trop le récompenser. J’ai dit l’amour seul le porta, donc il aime votre enfant, et la plus grande récompense pour lui serait de la posséder à jamais.

Par ma bouche, il vous demande, George et Alexandrine, la main de votre enfant, sûr de ne pas se voir refusé.

George se leva alors ; Monsieur le Curé, je ne suis pas de ces parents qui n’ont que l’intérêt en vue et l’égoïsme dans le cœur. Le bonheur de mon enfant,