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dont son cœur maternel était depuis si longtemps privé. Mon Armande ! ne cessait de répéter la pauvre mère. Oui, j’ai là, dans l’âme, je ne sais quelle ivresse qui a remplacé la mer d’amertume qui m’envahissait à toute heure. Je suis heureuse, je jouis, je nage au sein d’un bonheur sans pareil.

George, à l’écart, attendait que l’explosion fut terminée pour se jeter dans les bras de ces deux êtres qui composaient toute sa vie.

— Mais, dit Alexandrine, je suis égoïste, tout pour mon enfant ; viens mon George, viens toi aussi que je vous réunisse dans un baiser, dans un même serrement sur mon cœur réjoui ; et tous trois se confondirent dans une même longue et chaude caresse.

La mère avait donné la vie à son enfant, et son enfant lui rendait la vie de l’intelligence. Alexandrine était revenue ; les brouillards se dissipèrent pour laisser à l’intelligence toute sa lucidité, toute sa force d’action et d’opération.


XIV

CALME DU CŒUR.


Ce ne fut qu’un concert de joie, d’admiration et de louange par tout le village. Aussi les maisons restèrent-elles presque désertes le matin qui vit une grand’ messe chantée en action de grâce pour remercier Dieu de cette double recouvrance : la fille et la mère, l’une perdue à sa famille, l’autre rendue à la raison. Au Te Deum, il y eut bien des larmes dans l’humble nef de la petite chapelle qui avait vu le mariage de George et d’Alexandrine, comme