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cause. Les hommes pourront ne pas oublier, mais Dieu pardonnera. Réglant le passé avec le ministre de Dieu, il se trouva frais et dispos. Le courage ne pouvait lui manquer ; il en avait eu partout, même en face de la mort. Il devait en avoir encore en présence des incertitudes de la guerre, car il était décidé à donner sa vie pour expier le passé.

Il voulait un baptême de sang.


XI

1837-38.


Une heure pénible allait sonner pour notre pays. L’histoire, cette grande institutrice, allait buriner avec le sang de nos compatriotes, ces dates à jamais inoubliables.

Depuis longtemps les Canadiens, soumis mais non vaincus, écrasés par la faction dominante des anglais, réclamaient leurs droits violés impunément à la face de tout un peuple. Vainement ils avaient essayé de se faire entendre auprès du Gouvernement en Angleterre. On avait vu O’Connell, cette grande figure qui plane au dessus de l’Irlande asservie comme un génie bienfaisant, on avait vu O’Connell, ce défenseur du faible contre le fort, s’écrier en plein parlement Anglais : « Si c’est ainsi que vous entendez la justice, le Canada n’aura bientôt plus rien à envier à l’Irlande. » Pourtant nous avions la majorité, mais le despotisme servile des gouvernements, les préjugés de races, les passions des peuples, empêchèrent presque toujours nos nationaux d’avoir justice. Si l’on fit quelques concessions, c’est le besoin qui leur força la main.