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les pétillements du feu, comme la vue de Fleur-du-mystère, endormie sur son lit de sapin, protégée par le canot renversé, et réchauffée par le feu que Laurent ne laissait pas s’éteindre.

Vaincu par la fatigue et le sommeil, Laurent s’endormit. Comme l’aube apparaissait dans le ciel, quelques heures après, Fleur-du-Mystère le réveilla en lui disant : Laurent ? Ne veux-tu pas te mettre en route immédiatement. Vois, les battures se couvrent et le courant monte ; il nous aidera à gagner le village.

— De suite, répond Laurent, nous allons embarquer. Il éteint le feu, plie les couvertes, serre les restes du repas en cas de besoin et jette le canot à la mer.

— Fleur-du-mystère a bien reposé ? demanda Laurent.

— Oui, bien dormi ; je vais avoir plus de force pour arriver au village où je suis née, m’as-tu dit. Et quand y serons-nous rendus à ce village ? Y a t-il un poste là aussi pour les sauvages. ?

— Non, mais il y a de grandes huttes.

— Comme la tienne ?

— Oui, comme la mienne ; et nous ne tarderons pas à y arriver. Tiens, vois ce village, à gauche, c’est dans une hutte semblable à celle-là que tu es née.

— Oh ! que ce doit être bon vivre là dedans.

Déjà on dépassait l’Isle-Verte. Le midi de ce même jour, ils arrivèrent sur ce même rivage où, toute jeune, Fleur-du-mystère fut enlevée, par une nuit d’orage, par le Hibou ou Mélas.