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Puis Laurent disparut et Bison-des-Plaines se prit à faire un paquet des choses les plus nécessaires, pour le voyage. Après le départ, il devait garder le Poste et veiller sur les pelleteries qui y étaient conservées.

Laurent fuit vers le village Indien où tout dort, excepté la douleur assise partout, au chevet des grands comme auprès de l’humble enfant de la forêt. En quelques instants il a traversé le village et se trouve auprès du wigwam silencieux du Hibou où repose Fleur-du-mystère. Il y entre en se faufilant, et un instant lui suffit pour éveiller la jeune fille dormant d’un paisible sommeil.

— C’est moi, Laurent, dit il en l’éveillant, ne crains rien.

Elle ne parla pas, mais un sourire de joie illumina sa figure un peu pâlie.

— Écoute, enfant, lui dit tout bas Laurent ; je serai court. Le Hibou n’est pas ton père…

— Je le pressentais, interrompit l’enfant avec joie.

— Laisse-moi parler. Tu es une enfant ravie à tes parents qu’il détestait et qui vivent là-bas, aux rives du Sud. L’heure est arrivée de fuir cet homme qui te maltraite et te fait souffrir par sa brutalité ; Bison-des-Plaines l’a écarté de notre chemin, et en ce moment il ne peut pas nous être nuisible.

— Mon Dieu ! il ne l’a pas tué ?

— Non, sois sans inquiétude.

— Veux-tu fuir vers le village d’où tu es partie et où