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hiver, qui nous ramènes chaque année, la Noël tant désirée, fête aimable qui jette dans le cœur de nos enfants je ne sais quelle semence de vérité, de religion et d’idéal vainqueur, et qui rajeunit les plus âgés en les ramenant à ce berceau, que plus petits, ils adoraient, et où ils ont puisé le germe de toutes ces vertus viriles qui en ont fait des heureux malgré que la vie soit amère et décevante.

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Plus tard, au seuil de l’année qui va venir remplacer celle que le temps emporte et que la mort guettait comme une proie, j’ai vu les mains fraterniser, et se tendre dans une heure de joyeux oubli de toutes les misères humaines. Du berceau de l’enfant divin à la tombe d’une année qui sera vite oubliée, il y a place aux retours sur soi-même et bien souvent le travail d’âme commencé à la crèche de Jésus, reçoit son couronnement — coronat opus — en ce jour nouveau de l’an où la fraternité triomphe et où l’égalité s’affiche au dehors comme au dedans. Il semble que les hommes deviennent meilleurs, que l’humanité cherche une voie plus sûre, des chemins moins ardus et que la terre, après avoir entendu chanter l’hymne des anges aux bergers, se renouvelle en des aspirations plus pures, plus idéales, plus dignes d’elle et de ses superbes destinées.

Et alors, emporté par un souffle généreux vers les sommets sereins et les altitudes paisibles, j’ai béni l’hiver et les neiges mordantes, eux qui sonnent le retour de ces fêtes toujours nouvelles, eux qui nous font revoir ces anniversaires inoubliables qui sont comme autant de joyeuses étapes dans l’aridité du désert de la vie, eux qui ramènent périodiquement cette heure heureuse où l’on fraternise, et où l’on s’aime.