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CHAPITRE IX

UN SAINT MISSIONNAIRE


LE PÈRE AMBROISE ROUILLARD



En l’année 1769, Trois-Pistoles sentit passer sur elle comme un souffle glacé. Les quelques habitants de la pointe venaient d’apprendre la triste nouvelle que leur missionnaire aimé n’était plus de ce monde.

En effet, après les exercices de la mission, le Père Ambroise avait demandé à deux colons de l’endroit de venir le conduire à Rimouski, et Jean-Baptiste Rioux fils de Vincent, troisième seigneur, ainsi que Jean Baptiste Rioux fils de Nicolas, deuxième seigneur, s’étaient offerts d’aller avec lui jusqu’à Rimouski. Il accepta leur offre, et par une belle après-midi d’été, nos trois voyageurs laissaient le sable de la grève et prenaient leur course en canot, vers le bas du fleuve.

On faisait alors des voyages rapides par le chemin du fleuve, et lorsque deux bons avirons frappaient les eaux paisibles, l’embarcation légère volait sur l’onde avec agilité et le port apparaissait bientôt aux yeux des voyageurs. La distance entre Trois-Pistoles et Rimouski, n’est pas très grande et deux hommes robustes comme devaient l’être les deux compagnons du Père Ambroise, avaient bientôt fait de la franchir ; mais entre le départ et l’arrivée, il y a place pour bien des événements, de même qu’entre la coupe et les lèvres il y a l’espace d’un tombeau ou d’un berceau.

Au départ des voyageurs, le grand ciel bleu du Canada pareil à celui de l’Italie à certains jours d’été, flamboyant, resplendissait de clarté et d’azur sans nuage. L’air était pur et