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CHAPITRE VIII

L’HERMITE DE TROIS-PISTOLES


LE PÈRE DUPONT — DOM G. FRS POULET



Trois-Pistoles commençait pour ainsi dire à essayer ses ailes. Des colons aussi entreprenants que courageux, conduits par le souffle qui vient de là-haut, avaient commencé le dur labour du défrichement, donnant au Nouveau-Monde le spectacle sublime d’une race virile et ferme, cherchant à s’implanter dans le sol canadien par les racines les plus tenaces et les plus profondes. Loin des centres plus populeux, accoutumés au silence des retraites paisibles où peu de monde s’assemble, ils ne connaissent des choses éloignées que ce que le missionnaire ou les rares voyageurs leur apportent de temps en temps. Il n’y avait pas de journaux alors, et nous croyons bien que le zèle des commères n’était pas ce qu’il est aujourd’hui.

C’était vers l’année 1715, deux ans après que M. Auclair, curé de Kamouraska, eut commencé à faire la desserte des Trois-Pistoles. Par une après-midi calme et paisible de juin, un habitant de la pointe, venu jusqu’à la rivière des Trois-Pistoles, fut tout surpris de voir un panache de fumée s’élever d’au-dessus d’une humble cabane bâtie sur le penchant d’un ravin au fond duquel coule la rivière.

Il crut que ce devait être la tente nomade de quelque famille sauvage, ou la hutte temporaire d’un pêcheur de saumons ou de chasseurs de loups-marins et de canards. Il voulut aller faire connaissance avec les nouveaux venus. Quelle ne fut pas sa surprise de se trouver en face d’un inconnu aux allures monastiques, qui lui dit se nommer Dupont et être venu