Page:Gauvreau - Au bord du Saint-Laurent, 1923.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

a valu des pages admirables qui ont fait l’admiration de tous ceux qui les ont lues, j’allais dire dévorées avec avidité. Le massacre du Bic a eu lieu, nul doute là-dessus. Quand ce drame eut-il lieu ? Voilà le hic ! L’Isle-Verte a été le théâtre de combats sanglants, de tueries atroces, c’est aussi un fait certain et Jacques Cartier, et le pilote Alphonse et les Relations nous en donnent la preuve surabondante ; mais jamais il ne sera possible d’admettre le fond historique sur lequel M. Taché veut faire reposer le récit du massacre de l’îlet du Bic.

Qu’on lise et relise cet admirable légende de l’îlet au massacre ; que l’on admire et qu’on la vante avec raison, sans croire pour tout cela à l’exacte vérité des faits tels que rapportés avec grâce par l’auteur. Guizot disait un jour : « voulez-vous du roman ? Que ne vous adressez-vous à l’histoire ? » M. Taché aura lu ces lignes et sur un prétendu fond historique, il a brodé avec charme le plus joli roman de couleur locale, la plus empoignante légende qu’on puisse lire.

La vérité vraie étant mise sous un véritable jour, l’erreur de l’écrivain étant constatée, je demande au vieil ami de ma famille de me pardonner cet excès de zèle qui me pousse à rectifier ce que dans mon humble opinion, je crois erronément affirmé : Cet article ne diminuera en rien le prestige si bien établi de ce bon ami des canadiens et des Maléchites[1] et il ne fera que rendre justice à l’histoire qui me paraissait incomprise.



  1. Il y a des auteurs qui écrivent Malicites. Dans les anciens registres de nos paroisses, le missionnaire de 1750 écrivait Malicite. Mgr  Chs Guay, dans ses Chroniques de Rimouski, donne les deux indifféremment. Je crois que M. Taché l’emporte par une définition juste et raisonnable, Almouchiche, nation des petits chiens.