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mençaient à avoir un pied à terre important, l’Île-Verte était appelée à jouer un rôle dans l’histoire des premiers temps de la colonie.

Comme on le voit dans le récit de Cartier, l’Île-Verte fut le théâtre d’une boucherie sanglante qui vous donne une idée des massacres dont les Iroquois étaient capables, massacres qui devaient les rendre si redoutables dans la suite.

Du temps de Champlain, les Basques et les Rochellois y avaient leur poste d’observation afin de surveiller les mouvements de la flotte française qui les empêchait de trafiquer avec les sauvages de Tadoussac. On voit qu’en 1621, MM. de Caien et de Monts se mettent à leur poursuite. Arrivés à l’Île-Verte, ils n’y trouvèrent qu’un fort ou retranchement de palissades ; les oiseaux avaient déserté le nid. Ils s’étaient sans doute réfugiés sur l’île aux Basques, à une lieue en bas de l’Île-Verte, vis-à-vis Trois-Pistoles.

Du temps du pilote Alphonse, l’Île-Verte portait le nom d’île de la guerre, et les Relations des Jésuites nous apprennent qu’en 1683, le Père Henri Nouvel fit naufrage sur l’Île-Verte où il rencontra dans un fort de pieux 68 sauvages, tant papinachois que d’autres nations. Ils s’étaient ainsi enfermés dans ce fort ensuite de la découverte qu’ils avaient faite d’un grand cabanage d’Iroquois sur le bord de la grande rivière, le Saguenay sans doute.

Plus tard le Père Albanel, ce hardi pionnier de la civilisation, le découvreur généreux que rien ne rebutait, fut obligé de se rendre en plein mois de janvier à l’Île-Verte où se mouraient de misères et de faim une partie des sauvages échoués là, je ne sais par quelle aventure.

Tout cela ne confirme-t-il pas davantage le lecteur que l’Île-Verte était un centre important alors, que les sauvages de la côte sud y venaient en foule et que leur ennemi commun, le farouche Iroquois, dut venir souventes fois les y surprendre et les terrasser et que c’est un de ces coups hardis, un de ces drames sombres d’alors que le sachem de Québec racontai à Jacques Cartier.

Mais ne gardons pas rancune à M. Taché d’avoir plus ou moins bien compris Jacques Cartier, puisque cette erreur nous