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EN GUISE DE PRÉFACE



LETTRE À L’AUTEUR


Cher monsieur Gauvreau,


Un double motif a inspiré votre choix de l’humble messager qui assumât de présenter au public votre nouvel ouvrage. « Nous sommes de la même paroisse, » m’avez-vous dit ; « je suis un ancien élève de Rimouski… » Votre élection — permettez-moi ce terme, familier en ses significations diverses à l’homme politique qui a été pendant vingt-cinq années consécutives l’élu de Témiscouata — votre élection d’un préfacier est donc le témoignage de bienveillance de l’homme mûri par l’âge et le travail à son frère cadet ayant à peine entamé la période fructueuse de la vie ; elle est cette élection, dans sa forme si concise en même temps que si chargée de sous-entendus pieux, l’hommage délicat du fils à sa mère, l’Alma Mater. Les souvenirs qui nous rattachent communément à notre chère Isle-Verte, l’amour qu’à votre exemple je garde à cette portion minuscule de la grande patrie, pouvaient-ils laisser mon oreille sourde à l’invitation d’un de ses plus distingués fils ? pouvais-je ne pas m’incliner avec respect devant votre geste de piété filiale ?

Et pourtant, il ne semble pas nécessaire que l’on vous présente, et qu’une voix étrangère aille sur votre seuil prononcer l’équivalent du Tolle et lege, qu’entendit un jour Augustin. Vous êtes de longtemps du métier, et de longtemps vous avez favorablement affronté la critique. À peine avez-vous quitté le collège et l’encre est-elle à peine sèche de vos devoirs dans les cahiers d’honneur, que déjà vous vous essayez par goût au roman, à la nouvelle, à la rime, tout en potassant par devoir et en vue de votre carrière future (car l’homme ne vit pas encore des