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miracles que tous les livres et tous les journaux du monde n’opéreront jamais. Ceux-là seuls peuvent vraiment convertir qui peuvent absoudre, ayant reçu tout ensemble, comme prix de leur existence vouée à Dieu, le devoir d’instruire et le pouvoir de pardonner. »

Le père de La Brosse était du nombre de ces âmes d’élite à qui Dieu donna tout ensemble, le devoir d’instruire et le pouvoir de pardonner. Il résume en lui toute une époque, trop ignorée peut-être, de gloire, pour l’Église du Canada, dans cette partie du pays qui s’étend depuis Tadoussac jusqu’à la Gaspésie. Sa réputation de sainteté est universelle parmi ceux qui habitent le bas du fleuve, tant sur la côte nord que du côté sud. Son nom ne se prononce jamais qu’avec le plus grand signe de vénération et de respect ; il le méritait bien, ce grand serviteur de Dieu qui, pendant plus de trente ans, a fait l’admiration des populations échelonnées sur les rives du fleuve depuis Québec jusqu’à Gaspé.

En 1766, il y avait déjà douze ans que le père de La Brosse était au pays, lorsqu’il reçut ordre de ses supérieurs de s’occuper spécialement des postes et établissements de la Côte Nord et de la rive sud, avec résidence à Tadoussac. C’est à partir de cette époque que le nom du père est acquis à l’histoire religieuse de notre pays. Aux lieux où il a le plus vécu, comme Tadoussac, Rimouski, Trois-Pistoles, Isle-Verte et Cacouna, pas un vieillard, pas un enfant qui ne sachent sa vie comme celle d’un saint François-Xavier, et vous les surprendrez à vous conter les légendes qui se transmettent de famille en famille, et l’on vous parlera de l’empreinte de sa raquette et de son genoux sur un rocher des Trois-Pistoles, au départ d’une mission des plus consolantes, de sa mort qu’il a prophétisée d’avance, d’un incendie de la forêt, s’arrêtant à la ligne de démarcation qu’il avait tracée, après avoir conjuré l’élément destructeur de ne pas aller plus loin, convertissant par ce seul miracle des centaines de Naskapis.

On vous parlera surtout de la légende des cloches, sonnant le moment même de sa mort, dans toutes les chapelles où il avait exercé le saint ministère.

La voici cette dernière légende dans toute sa naïve simpli-