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que c’est à peine si, malgré son extrême assiduité et sa prodigieuse facilité d’exécution, il put suffire à tous les travaux publics et particuliers dont il fut chargé. Des églises presque entières ont été peintes par lui ; le palais ducal est rempli de ses œuvres gigantesques ; des maisons de campagne dans les environs de Vicence, de Trévise, de Vérone, sont couvertes de ses fresques, et ses tableaux se trouvent répandus dans toutes les galeries de l’Europe. Son dessin, ferme et noble, qui procède par de grands plans à la manière antique, le doux éclat de sa couleur argentine, la beauté et la grâce de ses têtes, la pompeuse magnificence de ses vastes compositions, enfin l’art admirable, et que lui seul a possédé à ce degré, de représenter sans sacrifice apparent et sans confusion de nombreuses figures enveloppées d’une atmosphère également lumineuse, toutes ces éminentes qualités font de Paul Véronèse un des plus rares génies dont la peinture puisse se glorifier.

Paul Véronèse mourut le 20 mai 1588 d’une fièvre aiguë gagnée dans une procession solennelle faite à l’occasion d’une indulgence accordée par le pape Sixte V. Il était âgé de cinquante-six ans. — Paul Véronèse, dit son biographe Ridolfi, était un homme au cœur noble et généreux. Simple dans ses actions,