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toile sur le papier fidèlement traduites, avec leur large ensemble et leurs détails multiples. Aussi, lorsque les siècles par leur lente action auront fait évanouir comme des ombres légères toutes ces merveilles, que l’on tâche avec un soin jaloux de retenir sur leurs frêles toiles et leurs panneaux vermoulus, lorsque Raphaël, Titien, Corrège n’existeront plus qu’en souvenir sur leurs belles estampes, la gravure de M. Z. Prévost permettra à l’œil de l’âme de célébrer encore cette rayonnante agape des Noces de Cana ; sa planche consciencieuse aura conservé tout, la fastueuse ordonnance, la vague légèreté du ciel, la blancheur de l’architecture, le caractère des physionomies, le ton basané des têtes, le miroitement des velours, les frissons des taffetas, l’orfroi des brocarts et le flamboiement tranquille de la superbe couleur vénitienne.