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de leur répondre, et nous transcrivons ici ces vers qui résument si heureusement le caractère de l’artiste.

Lorsque Paul Véronèse autrefois dessina
Les hommes basanés des Noces de Cana,
Il ne s’informa pas au pays de Judée
Si par l’or ou l’argent leur robe était brodée,
De quelle forme étaient les divins instruments
Qui vibraient sous leurs doigts en ces joyeux moments ;
Mais le Vénitien, en sa mâle peinture,
Fit des hommes vivants comme en fait la nature.
Sur son musicien on a beau déclamer,
Je ne puis pour ma part m’empêcher de l’aimer.
Qu’il tienne une viole ou qu’il porte une lyre,
Sa main étant de chair, je me tais et j’admire.


La fantaisie du peintre a introduit dans cette immense composition les portraits d’un grand nombre de personnages célèbres. D’après une tradition écrite conservée dans le couvent de Saint-Georges et reproduite par M. Villot dans le nouveau livret du Musée, il paraît que l’époux assis à gauche, à l’angle de la table et à qui un nègre debout, de l’autre côté, présente une coupe, serait Don Alphonse d’Avalos, marquis de Guast, et la jeune épouse placée près de lui, Éléonore d’Autriche, reine de France ; derrière