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Une cellule est allouée à chaque ouvrier, qui ne peut sortir de l’établissement que sur une permission expresse, qu’on accorde très-difficilement, et pour des cas extraordinaires ; un ouvrier qui s’absenterait deux fois sans exeat serait irrémissiblement renvoyé. — Pour que les travailleurs n’aient aucun motif plausible de s’éloigner de la fabrique, il y a un cabaret ou cantine géré par l’administration, où les ouvriers sont seuls admis. La paternité de l’administration ne s’est même pas arrêtée là ; elle entretient un harem spécial à l’usage de ces moines industriels, en sorte qu’elle trouve moyen de leur reprendre en détail la somme qu’elle leur a donnée en une fois. Ainsi donc, ayant bon souper, bon feu, bon gîte et le reste, ces gens-là vivent là comme des rats en paille, et ne sont matériellement pas à plaindre. Mais la dignité morale souffre de voir des hommes réduits à fonctionner comme une machine à vapeur, et n’être plus qu’un rouage, au lieu d’être la créature de Dieu. — Il est très-clair qu’ils ne seraient ni si bien logés, ni si bien