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fossés, de derrière les haies, du fumier des basses-cours, une meute de petits garçons albinos, avec de longues mèches de cheveux d’un blond de filasse éparpillés sur les yeux, qui la suivaient jusqu’à la limite extrême en faisant la roue, et en piaulant sur un ton plaintif le seul monosyllabe cents, cents, dont je ne compris que plus tard la signification terrible. Ces petits garçons, dont plusieurs sont des petites filles qui font la roue aussi prestement que les autres, remplissent l’emploi des chiens, qui est d’aboyer autour des voitures et de mordre les jarrets des chevaux. Une place de chien est, dans ce pays-là, une véritable sinécure ; seulement les chiens sont mieux vêtus, moins sales, et ne demandent pas de cents : triple avantage.

À propos de chiens, je dois consigner ici cette remarque importante, qu’ils deviennent de plus en plus rares, à mesure que l’on progresse vers les régions polaires et la zone arctique ; les chats sont aussi en fort petit nombre, je n’en ai vu que cinq dans tout mon voyage ;