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dans les prairies du vert le plus amoureusement printanier que l’on puisse rêver, et découvraient mille petits sites calmes et reposés, d’une intimité toute flamande et du charme le plus attendrissant.

Il y avait surtout de petits sentiers, de vrais sentiers d’école buissonnière, qui venaient aboutir au grand chemin en filant le long de quelque muraille de clôture ou de quelque haie d’aubépine, avec des airs incultes et sauvages les plus engageants du monde, et qui me ravissaient fort. J’aurais voulu pouvoir descendre de voiture, et m’enfoncer à tout hasard dans un de ces sentiers qui, assurément, devait mener dans les endroits les plus agréables et les plus pittoresquement champêtres. On ne peut s’imaginer combien d’idylles dans le genre de Gessner ces petits chemins m’ont fait composer ; dans quels océans de crème ma rêverie s’est plongée à propos d’eux ; et combien d’épinards au sucre ils ont fait hacher à mon imagination !

Nous traversions fréquemment des hameaux,