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énormes gueules et se déchirant le mufle à belles dents ; de nombreux filets de sang rose rayaient leurs corps, et il ne serait probablement resté sur le champ de bataille que la dernière vertèbre de la queue des combattants, si la galerie, touchée du courage des héroïques bouledogues, ne fût intervenue et n’eût crié : Assez ! assez !

Tous les efforts qu’on fit pour les séparer furent superflus, et l’on fut obligé de leur brûler la queue avec un fer chaud, moyen extrême, mais seul efficace.

Le bouledogue est, à ce qu’il paraît, un animal excessivement stoïque de sa nature, et la façon dont on reconnaît ceux qui sont de bonne race et dont on veut obtenir lignée nous semble passablement barbare et sauvage : on coupe une patte au bouledogue, puis on lâche un ours ; si le bouledogue mutilé, malgré sa souffrance, s’élance sur l’ours sans hésiter, il est de bonne race, il est pur sang, et ses descendants sont très-recherchés ; si, au contraire, il ne s’occupe que de sa blessure et cherche à se cacher dans