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chevaux surpris par la gelée prennent la rigidité et la consistance du bois, de sorte qu’il est impossible d’en détacher la peau. Il faut donc les laisser sur place, avec leurs quatre pieds tendus en piquets, leur ventre gonflé et leur raideur de chevaux de carton, jusqu’à ce que l’adoucissement de la température permette de les travailler et de les équarrir. — Les rats, animaux frileux de leur nature, ne pouvant plus d’ailleurs se nourrir avec les chairs durcies par la gelée, choisissent un cheval de belle apparence pour en faire leur logis. — Si l’animal a été saigné au col, ils entrent par la blessure, sinon ils pénètrent par l’orifice opposé. Une fois entrés, ils nettoient leur demeure du mieux qu’ils peuvent, et la rendent tout à fait confortable ; les boyaux leur servent de corridors et de couloirs de communication, le salon est établi dans les grandes cavités abdominales ; les chambres à coucher et les cabinets de toilette dans les interstices des côtes et lieux circonvoisins. — Ils sont d’abord fort à l’étroit, mais leur logis s’agrandit tous les jours ; le