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gée comme la Pentapole par un lac de bitume (Dez-Maurel et Cie), ni ensablée comme Thèbes ; elle sera tout simplement dépeuplée et détruite de fond en comble par les rats de Montfaucon.

Des légions innombrables de rats vont descendre en noires colonnes sur Paris, miner les fondations des bâtiments, et les faire écrouler sur les rares habitants qu’ils n’auront pas encore dévorés.

Cette terrible invasion arrivera le jour où l’on transportera la voirie dans son palais de la plaine des Vertus ; alors auront lieu dans Paris des anthropomyomachies dignes d’un nouvel Homère. Tous ces rats, plus sensuels que le rat d’Horace, qui font à Montfaucon des déjeuners de Balthazar, comme dit Bilboquet, manquant soudain de pâture, viendront à Paris manger de l’homme à défaut de cheval.

Le rats de Montfaucon ne sont point des rats ordinaires ; l’abondance et la qualité de la nourriture les a développés prodigieusement ; ce sont des rats herculéens, énormes, gros comme des éléphants, féroces comme des