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lustres dont les mausolées et les épitaphes couvrent les murs et le pavé.

Le Palazzo Ducale, les Scuole, les palais Grimani, Pisani, Rezzonico et Grani renferment, en tableaux et en statues, d’innombrables richesses, que le défaut d’espace nous empêche de décrire et d’apprécier. Nous ne parlerons donc pas de l’escalier des Géants avec ses deux colosses de Sansovino, des statues d’Adam et Ève d’Andrea Riccio, des deux puits de bronze ornés d’arabesques et de figures, par Niccolo dei Conti, et de toutes les merveilles du Cortile, ni de la gueule de lion, qui, dépouillée maintenant de ses terreurs mystérieuses, ressemble, à s’y tromper, à une boîte aux lettres, ni du Conseil des Dix, ni des seigneurs de la nuit, ni de tout cet attirail des francs juges et d’inquisiteurs dont la République sérénissime aimait à s’entourer ; d’ailleurs la domination autrichienne a remplacé tout cela, et maintenant c’est un officier allemand, un tedesco, qui épouse la mer. Et pourtant rien n’est changé à Venise ; car c’est une chose digne de remarque :